Déportés d’Aubervilliers : un indispensable besoin d’histoire

mercredi 6 mai 2015

En ces jours de commémoration de la libération des camps de déportation un assez grand nombre d’expressions sur le sujet a été réalisé.

La déportation (ou plutôt les déportations) forment un fait complexe qui n’a laissé dans l’espace urbain national que peu de traces hormis les lieux de regroupement des personnes arrêtées. On mesure mal l’ampleur du phénomène et la reconstitution de ce qui s’est passé, l’évaluation quantitative, le suivi des destins… sont des choses compliquées.

Claude Fath qui, à Aubervilliers, s’est attelé depuis longtemps à cette tâche, a pu mesurer les insuffisances voire les contradictions des sources, le brouillard qui stagne sur bien des identités, les dates, le fait que ceux qui sont revenus ont, au bout du compte, peu parlé.

Car il a longtemps régné un très curieux silence à propos des déportations, ou plutôt une sous-estimation de cette forme de répression. S’est ajoutée de surcroît, au fil du temps, une distorsion majeure concentrant le regard vers ce que furent les déportations raciales. Et cette façon d’observer l’histoire conduit à d’inévitables altérations de la réalité des déportations. Le temps qui passe n’ajoute rien à l’affaire et peut réduire le spectre des analyses. En raison de cette réalité, et sous peine de séjourner dans les pires généralités, le temps est venu de développer une approche aussi complète que possible de ce qu’ont été les déportations à Aubervilliers.

Aubervilliers a eu deux maires qui furent déportés (Emile Dubois et André Karman). Quelques lieux publics rappellent de grandes figures nationales ou locales (Danielle Casanova, Gaëtan Lamy, Marcel Nouvian, Marguerite Le Maut, Hélène Cochennec…) mais cela est bien insuffisant. La dimension politique communiste est peu lisible alors qu’elle fut considérable. Le temps est donc venu de faire avancer la connaissance de ce qui a été.

Environ 200 albertivillariens ont été déportés, parmi lesquels une cinquantaine de juifs (dont 26 enfants), un grand nombre de communistes et en fin de période, des résistants du groupe Manigart. L’importance des déportations, les caractéristiques qu’elles ont prises à Aubervilliers méritent à coup sûr une mise en lumière.

Les travaux pionniers de Claude Fath donnent déjà un appui solide. Avec sa collaboration, il est possible de penser à la réalisation d’un travail d’histoire aussi complet que possible qui permettra une réappropriation locale de ce qui fut la conséquence d’une grande barbarie.

André Narritsens

1 Message

  • Rectification et information Le 7 mai 2015 à 17:48, par André Narritsens

    Je rectifie une erreur commise dans le texte sur "les déportés d’Aubervilliers" : Gaëtan Lamy n’a pas été déporté mais fusillé.

    Je signale qu’un énorme dictionnaire biographique des fusillés et exécutés par condamnation et comme otages ou guillotinés en France pendant l’Occupation, vient de paraître aux Editions de l’Atelier. L’ouvrage de 1950 pages peut être acquis au prix de 30€

    Dix-neuf biographies de fusillés d’Aubervilliers y figurent.

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